Je pourrais dire que j'ai vécu les pires choses que la vie peut faire vivre, mais ce serait mentir, or, je ne veux pas mentir. Ce qui aurait pu être horrible, c'est montré bénéfique pour moi. Je suis née du coup d'un soir de mes géniteurs. Enfin, c'est ce que je crois, si ça se trouve, ils s'aimaient depuis des années, mais j'aime moins cette version. Je ne comprendrais pas un tel choix après des années de mariage. J'ai été abandonné à l'hôpital, ma mère aurait disparut de la surface de la terre, et mon père, j'en sais rien. Je ne sais même pas pourquoi je les qualifie comme ma mère et mon père, ils sont des étrangers, on partage seulement le même sens, pourtant, un parent est celui qui t'éduque, pas celui qui te fait biologiquement. Pour mes pères, j'ai été un miracle. J'allais être traîné de foyer en foyer si je n'avais pas de famille à proprement dîtes, alors l'un de mes pères, infirmier, a lancé la procédure d'adoption. Avec son compagnon, j'étais la seule chose qu'ils attendaient. J'ai pris le nom de celui qui m'a adopté et pour leur futur mariage, mon deuxième père prendra le nom d'Hamilton pour que l'on soit une vraie famille.

Ils m'ont donné tout l'amour qu'ils avaient à offrir. Dès que je tombais, ils me ramassaient, ils mettaient un pansement sur mes genoux. Je n'ai pas eu d'enfance malheureuse. Au pire, j'ai eu quelques remarques lorsque je demandais si je pouvais changer mère en père sur les fiches à remplir en début d'année. Mes camarades de classe me demandaient si c'était normal, je disais que oui après tout, j'avais toujours vécu comme ça. Étant petite, j'étais l'inverse des autres enfants, je demandais si c'était normal qu'un garçon embrasse une fille, à ce qui paraît ça l'était. En regardant mes pères, je vois toute la douceur qu'un homme peut donner à un autre humain de cette terre, pourtant, je n'ai jamais voulu en recevoir, j'ai toujours préféré les ongles de femmes contre ma peau. Même si cette information me concernant, je l'ai comprise bien plus tard.

Ce qui est le plus drôle, c'est que j'ai toujours eu une meilleure relation avec le compagnon de mon père, plutôt que mon père. Je ne sais pas pourquoi. Il était le papa cool pendant que son fiancé essayer d'instaurer de l'autorité dans la famille. Papa numéro 1, plus connu sous le nom de Georges, donc mon père adoptif, a toujours voulu que j'aie un petit frère ou une petite sœur alors que papa numéro 2, soit Vincent, n'en a jamais voulu. Il a toujours souhaité que je sois la seule à avoir leur amour, ça a fait beaucoup de dispute pendant les repas. Il y a eu des assiettes qui ont volé, Georges avait toujours besoin de lancer quelque chose sur Vincent pour montrer qu'il était en colère. Aujourd'hui ça me fait rire, mais à l'époque, j'avais peur qu'il le tue à force de faire cela.

C'est au lycée que j'ai compris que j'aimais les filles. J'avais un crush sur l'une de mes professeurs. Mauvaise élève ou plutôt amoureuse, j'allais toujours en colle avec elle, j'aimais la regarder à son bureau. Il était rare que je fasse ce que l'on me demande pendant la colle alors j'en avais toujours une autre. Ses lèvres m'ont toujours attirées pourtant je n'ai jamais pu y poser les miennes. À sa main, elle avait une alliance, mais comme une adolescente, je me disais qu'elle pouvait bien le tromper pour me satisfaire. On n'a jamais rien vécu ensemble, c'est peut-être mon plus grand regret. Aujourd'hui, elle doit avoir encore plus d'enfants qu'avant, elle doit être toujours amoureuse de son horrible mari. Si elle est divorcée, qu'on me le fasse savoir pour que j'aille la retrouver. Puis, j'ai fini jeté mon dévolu sur une fille de mon âge. On est sortis ensemble, j'ai fait ma première fois avec, je m'en rappellerais toute ma vie, mais après deux mois de relation, elle m'a quitté pour un homme, j'étais déçue. Je ne pouvais pas dire que j'étais amoureuse, mais je l'aimais bien. Avouer mon homosexualité à mes pères n'a pas été difficile, au début ils pensaient que c'était de leur faute, mais non. J'ai une qu'une seule vraie petite copine, ce que j'entends par là c'est que je l'ai présenté à mes pères. On avait même pris un appartement ensemble et après une grosse dispute, elle est partie. La dernière fois que je l'ai revu, c'est quand elle est revenue chercher les affaires qui lui restaient à l'appartement. On ne s'est même pas bagarrer pour la garde du chat, j'ai gardé mon Chuck -pour Chuck Norris-. Aujourd'hui, Chuck est mort et moi, j'ai changé d'appartement.

Avant d'arrivée à Pasadena, on a vécu une dizaine d'années à Chicago, là où je suis née. On a bougé parce que Vincent a perdu son travail. Il commençait à tomber petit à petit en dépression alors on a bougeait. Georges a choisi Pasadena, on a fait des recherches sur internet et ça nous a plu à tous les trois. Ici, Vincent a racheté un garage automobile. Il a repris de l'activité. Depuis mon plus jeune âge, je passe mes week-ends à son garage. Je sais changer une roue et je n'ai pas peur de mettre mes mains dans un moteur.

Aujourd'hui, notre famille n'a pas beaucoup changé, tous les dimanches, je vais chez mes pères pour que l'on parle de la vie. J'hésite à acheter un nouveau chat parce que Chuck me manque horriblement. J'hésite aussi avec un chien, mais je ne sais pas si je serais capable de m'en occuper. J'avais déjà du mal à penser à nourrir mon hamster quand j'avais six ans. Je suis romancière, j'écris des livres pour les adultes, non pas parce qu'ils sont érotiques, mais parce que je m'intéresse beaucoup à la psychologie de mes personnages. J'ai hésite avec psychologue, mais j'aime trop écrire. Mes pères m'ont beaucoup soutenu. À la sortie de mon premier livre, ils ont pris un selfie d'eux en plein centre commercial avec le livre dans les mains. Puis ils ont mis mon livre devant tous les autres pour qu'on ne voit que lui. J'ai eu honte, mais j'ai tout de même apprécier. Aujourd'hui, je bloque pour mon prochain roman alors je me penche sur la littérature pour les enfants. Je suis toujours célibataire, pendant pas mal de temps, j'ai aimé avoir des coups d'un soir, mais depuis peu, je n'arrive plus à passer du bon temps avec elle. J'ai eu peur d'être devenu hétéro, mais non, après une vive réflexion, c'est Rosario qui me perturbe. Comment dire… Rosario est ma meilleure amie. Devant tout le monde elle l'est, même devant elle. Mais je dois avouer que quand je suis avec, j'ai un zoo entier dans mon estomac, non, je ne fais pas dans le peu, j'aurais pu avoir que des papillons dans le ventre, non, j'ai aussi des aigles et tout. Bref. Dans tout cela, il y a un problème, elle ne sait pas que j'aime les femmes. Je ne me suis jamais cachée, mais on n'a jamais eu l'occasion d'en parler toutes les deux. Est-ce qu'elle aussi aime les femmes ? Non parce que je ne veux pas tout gâcher entre elle et moi.