Elles étaient proches, si proche, et tout brulait en elle. Le contact s’était fait, d’abord par ses lèvres sur ses jumelles et puis, naturellement, son corps avait suivi, comme si ça n’était pas suffisant. Ca ne l’était pas, Ishraï le ressentait, car maintenant qu’elle s’était permise un écart, il y avait cette envie qui s’était tue depuis trop longtemps qui surgissait. Elle avait envie de Seena, mais ça n’était pas possible. Si elle arrivait à ignorer la voix de sa conscience sur le moment, si elle se permettait un geste de trop, elle savait qu’elle reculerait de la politicienne comme si elle avait été brulée par son propre désir. C’était dangereux, car ça n’avait rien d’un jeu. Ishraï pouvait dire qu’elles en sortiraient toutes les deux blessées de cette histoire, diminuées. Mais comme Icare, elle n’avait pas peur de se rapprocher du soleil. Ce soleil qui sourit en coin, loin de l’expression glaciale et distante à laquelle elle avait été habituée. « Alors ne te force pas à être sage. » Ce n’était qu’un murmure, car il n’y avait pas besoin de plus, proches comme elles étaient. Le regard sombres de la barista s’illumina, et il y eut un ton joueur. « M’envoyer en l’air dans un bureau ne fait pas partie de mes fantasmes. » Mais il y avait toute une liste de fantasmes qui portaient le nom de Seena, qu’elle commençait enfin à contempler de face.

Deux doigts furent sur son menton, et à nouveau la proximité était là. Sa respiration s’accéléra dans l’anticipation. Elle voyait les regards de la blonde qui glissaient jusque sa propre bouche, mais à défaut d’un baiser, il y eut encore un peu plus de mots, alors que Ishraï se serait bien satisfaite du silence… et d’autres choses. « Tu sais que nous sommes mutuellement un problème… Je joue contre ta raison et toi contre ma réputation. » Il y eut un semblant de rire, un semblant de murmure. « Si tu ne faisais que jouer contre ma raison. » S’il n’y avait que ça. La présence de Seena était une atteinte à ses croyances, sa religion. L’adultère était l’un des plus grands interdits et la voilà qui sautait les pieds joints dedans. C’était une souillure sur son âme, une souillure qu’elle voulait sur son corps. « A quelle partie de ta réputation fais-tu allusion ? » Elle s’était penchée sur l’oreille de la politicienne, se perdant dans les mèches blondes. Elle contempla un instant la peau, avant d’effleurer le lobe de ses dents, se reculant lentement, alors que de son corps, elle punaisait toujours sa proie contre la porte.

« Je te propose de jouer avec le feu Ishraï, tu n’as qu’un simple mot à me dire. » Il y eut l’empreinte d’un baiser fugace, en un silence qui ponctuait la phrase. Et en un battement de cil, Seena se dégageait de son emprise. Comme dans une chorégraphie, Isra se retourna, mais elle ne retint pas l’amante d’un soir (de deux, de trois, de trop ? ah, combien elle en avait envie). Non, elle reste là, le dos appuyé contre la porte, s’interdisant de s’approcher à nouveau de Seena. La proximité était dangereuse, elle en avait été bien témoin. La distance était pire, alors que tout ce que son corps demandait, c’était de rejoindre à nouveau la tentation. Elle prit une inspiration, passa une main dans ses cheveux qu’elle plaça en arrière. Elle appuya sa tête, le menton un peu relevé. Et il y avait toujours ce noir, noir désir et noir péché, dans ses yeux, qui ne quittaient pas Seena, la suivant comme un suivait une lionne sauvage. « Brule-moi. » Ce n’était plus un défi, c’était un désir qui se faisait verbe. C’était une invitation, oubliant tout de ces efforts, de cette prétendue retenue, de cette fiancée qui déambulait dans les couloirs, du temps qui commençait à manquer, certainement. Raison de plus pour en profiter, non ?