Mon Dieu, encore une semaine d’écoulée au bureau. Son ennui avait atteint un degré tel qu’elle doutait de pouvoir le supporter encore longtemps. Sarah hésitait entre hurler ou se taper la tête contre un mur. Une chose était sûre, c’est qu’elle allait sortir ce soir et qu’elle ne finirait pas la nuit seule. Elle avait besoin d’un exutoire à toute l’énergie qu’elle refoulait depuis deux semaines et celui-ci était définitivement son favori. Elle aurait bien était danser aussi mais elle y renonça, sachant qu’il arrivait dans ces soirées-là qu’elle s’abandonne si totalement au rythme qu’elle en oubliait de flirter.

Décidée à mettre toutes les chances de son côté, elle avait donc choisi un changement de cadre complet, un bar très select, privé, connu seulement des initiées puisqu’il s’agissait en effet d’un établissement réservé aux femmes d’influence de Los Angeles, un peu à l’image de ces fameux clubs pour gentlemen. Sarah y avait ses entrées par son agence qui avait en effet tout à gagner à avoir un agent infiltré dans ces lieux très fermés mais où gravitaient les puissants et les fortunés. Et la fortune de Sarah lui fournissait la couverture idéale pour ce faire. Tout comme son orientation sexuelle d’ailleurs puisque le bar servait de lieu de rencontre à toutes celles qui voulaient que cela reste discret ou entre personnes du même monde. Pour Sarah, c’était juste un terrain de chasse supplémentaire. Les femmes y étaient certes souvent plus classes et cultivées mais, une fois au lit, c’étaient d’autres qualités qu’elle appréciait, ce pourquoi elle n’y venait que rarement.

Elle choisit ensuite avec soin sa tenue, il lui fallait séduire sans effaroucher par une tenue qui pourrait être considérée par certaines comme trop sexy, synonyme chez elles de vulgaire. Elle se décida pour une petite robe noire, un peu courte, certes, mais dont on voyait clairement au matériau utilisé et au travail apporté dessus qu’elle sortait des mains d’un grand couturier.  Elle lissa la jupe, hésitante, avant de se décider, de prendre rapidement une veste et ses clés et de sortir.

Arrivée dans le building où se trouvait le bar, elle entra dans un hall immense et se dirigea vers l’ascenseur. Le bar se trouvait en effet au dernier étage et les membres recevaient une clé y donnant accès en intégrant le club. Elle entra dans la cabine, introduisit la clé et appuya sur le 50ème étage. En haut, la porte s’ouvrait directement dans le club et elle se dirigea avec une nonchalance calculée vers le bar. Elle s’assit et commanda un cocktail. Ainsi installée, elle tournait le dos aussi bien à la salle qu’aux baies vitrées en faisant le tour. Elle fit donc pivoter son tabouret, les jambes croisées de façons à les mettre soigneusement mais élégamment en valeur et étudia tranquillement les clients dispersées dans la salle. Les lieux étaient éclairés de lumières indirectes et tamisées. Quoi que d’une seul tenant, ils offraient une certaine intimité grâce à des canapés en demi-cercle encadrés par des cloisons à mi-hauteur. Celles qui le souhaitent pouvaient aussi se placer dos à la salle mais face à une vue impressionnante de la ville à leurs pieds.

Tout à coup, son cœur manqua un battement. Dans un box éloigné du bar, seule, se trouvait une somptueuse brune un peu plus âgée qu’elle. Très exactement le type de femmes qui la faisait craquer à la seconde. Elle ne l’avait jamais vue ici mais, après tout, elle y venait rarement. Il lui était donc difficile de savoir si c’était une habituée ou pas. Et peu importait. Elle se leva sans hâte et se dirigea calmement vers elle. Seul son regard qui ne la lâchait pas trahissait ses intentions.

« Bonsoir. Sarah Blake, énonça-t-elle d’une voix suave. Puis-je ? » indiquant la banquette libre en face de la brune.

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Une fois installée, Sarah profita de ce que Victoria était plongée dans ses pensées pour l’admirer de plus près. Elle était vraiment parfaite. Et absolument à son goût. Un corps tout en courbes, des yeux à se noyer et des lèvres pulpeuses à souhait. Et elle dégageait un raffinement facile, naturel qui la rendait encore plus attirante. Vu le degré rarement égalé d’ennui qu’elle avait atteint au bureau ces dernières semaines, il allait lui être difficile de tenir une conversation soutenue sans vouloir rapidement en venir aux choses sérieuses. Elle inspira et expira profondément avant de trinquer avec sa délicieuse compagnie enfin sortie de sa transe.

« Et maintenant, peut-être pourriez-vous me dire ce qui vous a poussée à venir ici alors que je m’étais effectivement installée… seule ? »

Sarah se fit immédiatement la réflexion que Victoria était le genre de femmes franches et directes à ne pas aimer qu’on déguisât la vérité. Et cela l’excita presque autant que sa plastique divine. Elle aimait les rencontres d’égale à égale, elle opta donc pour une honnêteté totale, advienne que pourra.

« Votre beauté, énonça-t-elle comme une évidence qui se passait d’un quelconque développement. Et puis, j’ai un métier qui me permet d’échapper totalement à ma vie très régulièrement. Quand j’ai des périodes de calme plat, comme actuellement, je trépigne. Alors je sors, je cherche ailleurs le moyen de me changer les idées, d’échapper à la routine. Faire de nouvelles rencontres, inattendues, charmantes, parfois déroutantes est, je l’avoue, mon préféré. Ce pourquoi je sors le plus souvent seule et, également, que je vous ai abordée. Pourquoi sortir seule sinon ? L’on décompresse aussi bien chez soi, au calme et sans obligation d’interactions sociales. »

Sarah se tut, laissant le silence venir en douceur. Se calant un peu plus confortablement sur sa banquette, elle admira à nouveau, ouvertement, la splendide brune qui lui faisait face.

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« Et dans quoi travaillez-vous Miss Blake ?»
Question anodine, banale s’il en est pour la majorité des gens, mais à laquelle Sarah ne peut bien évidemment jamais répondre par la vérité. Peu importe, là n’est pas l’important des rencontres qu’elle fait le soir et, pour ce qui est de l’essentiel, elle ne ment pas.

« Dans les forces de l’ordre.»
Elle ne développe jamais plus, elle n’ignore pas que la conclusion automatique à cette réponse est qu’elle est flic. Et, après tout, elle l’est d’une certaine façon. Un flic qui travaille souvent sous couverture, à l’autre bout du monde, pour une agence bien particulière de son pays, mais un flic quand même.

« Je suis curieuse également des femmes qui me charment parce qu’il est indéniable que vous me plaisez. Je ne nierai pas que, quoique tout ce qui peut vous concerner m’intéresse, le plus fort de ma curiosité se porte sur un tout autre aspect que le travail, sur ce moment que vous évoquez et qu’il me plairait fort d’accompagner, pour ce soir…» ajouta Sarah avec un voix plus basse et ce sourire que sa sœur qualifiait de dévastateur en se moquant à moitié.

Victoria lui plaisait, presque trop. Non seulement, elle avait un corps divin qu’elle rêvait de découvrir dans son intégralité un peu plus à chaque seconde mais elle semblait ne pas manquer de caractère ni de détermination. Cela ne fit que relancer encore plus son désir face à une nuit qui s’annonçait de plus en plus prometteuse. D’autant que la divine brunette venait plus ou moins implicitement de lui faire passer le message qu’elle n’attendrait rien de plus. Un moment, surtout s’il est exceptionnel, ne traduit pas l’envie de nouer une relation amoureuse.

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