6 Mars 2006
De la lumière, trop. Elle agressa ses yeux à travers ses paupières. Elle grogna, et tourna sa tête pour l’éviter. Et mon dieu qu’elle se sentait mal, elle avait l’estomac en vrac.
« Dylana ! T’es réveillée ! »
Pardon ? Elle senti des bras entourer son corps, et elle ouvrit alors les yeux pour découvrir sa mère. Et un environnement blanc, droit, stérile. Hôpital ? Surprise, elle repoussa doucement sa mère.
« Attends maman, il s’est passé quoi ? »
Le visage de sa mère s’assombrit soudainement et elle se redressa pour ensuite se poser sur une chaise juste à côté, et la regarder dans les yeux.
« Tu ne te souviens donc pas ? Apparemment, tu aurais abusé de l’alcool à une soirée, t’as fait un coma éthylique, c’est tes amis qui t’ont amenée à l’hôpital. »
C’était bien sa mère ça, dire les choses sans pincettes. Mais cela lui permit de réaliser. Elle tenta de se rappeler de ce qu’il s’était passé. Soirée, oui, elle avait pas mal abusé sur l’alcool et le reste. Elle se souvenait avoir été mal, mais pas être tombée. Elle lu l’inquiétude et la peur dans le regarde de sa figure maternelle, la fatigue aussi. Et elle semblait triste. La blonde se sentait mal vis à vis d’elle.
« Désolée maman… Je... »
Elle aimerait dire qu’elle ne recommencerait plus, mais elle savait d’avance que ça serait une promesse en l’air, qu’elle allait forcément recommencer un jour où un autre. Peut-être pas jusque là, et elle l’espérait fortement, mais elle n’allait pas arrêter de boire.
La femme l’observa, soupira, et planta son regard triste dans le sien.
« Je sais qu’avec ton père, on n’est pas les parents les plus présents, on a peut-être loupé des trucs dans ton éducation. Mais je veux pas te laisser recommencer et bousiller ta santé. Tu mérites mieux que ça Dylana. On n’est pas en mesure de t’aider, et c’est pas avec ton lycée actuel que tu vas réussir quoique ce soit. Je suis pas idiote, je vois bien que tu déclines, plusieurs fois on m’a conseillé de te mettre en foyer, et on m’a dit que j’obtiendrai rien de toi, mais je refuse d’y croire. Et hors de question de te placer en foyer, au beau milieu de drogués ou d’enfants qui n’ont plus de parents. »
Elle soupira une nouvelle fois, ce n’était vraiment pas bon, elle n’aimait pas ce genre de discours.
« On va donc t’envoyer finir au moins ton lycée chez tante Alex. Je sais que tu t’entends bien avec elle, et elle est d’accord de s’occuper de toi. C’est la seule solution qu’on a pu trouver »
Elle se décomposa, complètement. Elle comprenait pas, une trop grosse info d’un coup. A vrai dire, c’était surtout qu’elle ne réalisait pas. Quitter tout ça ? Tout ce qu’elle avait construit autour d’elle, son cercle d’amis, sa… presque petite copine, et sa famille ? Elle aimait ses parents bordel. Il y avait des tensions, mais elle les appréciait. Même si pour le coup, dans l’instant présent, elle les détestait, plus que tout.
« Tu peux pas me faire ça. »
La femme se rapprocha d’elle, doucement.
« Dylana, c’est mon devoirs de mère de ne pas te laisser sombrer comme ça. T’es encore jeune, t’as seize ans, je peux pas te laisser te détruire comme tu le fais actuellement. Tu iras chez Alex, à la fin de la semaine, tes billets d’avion sont prit »
Quitter l’Ecosse, se retrouver en Amérique. C’était juste… non.
« Tu vas finir par le regretter »
Elle le dit sèchement, se laissant emporter par ses émotions. Non, elle n’était pas d’humeur à réfléchir, et se laissait aller.
Fuck it.
30 Février 2009
Elle attendait au coin d’une rue, avec un café à emporter dans les mains, tentant de se réchauffer ainsi. Et se réveiller. La « nuit » avait été très courte. Elle avait écrit, beaucoup, réfléchit à une chanson qui la travaillait depuis déjà quelques temps. Elle n’avait désormais plus qu’à la peaufiner, et la jouer. En journée uniquement, sinon Alex aurait crisé si elle avait sorti sa guitare à quatre heure du mat’. Finalement, l’adaptation avait été longue et compliquée, mais ça allait désormais. Elle s’entendait bien avec sa tante, avec qui elle n’avait que dix ans d’écart. C’était plus une grande sœur à ses yeux, avec qui elle s’amusait beaucoup et sortait aussi très souvent. Mais uniquement des sorties soft avec elle, parce qu’elle était censée l’être, ou du moins presque désormais.
Sauf que c’était loin d’être le cas. Elle avait certes cessé l’alcool à trop grosse dose, mais elle se raccrochait à la drogue, et en était désormais… accroc. Au début, elle pensait que ce n’était qu’un petit plaisir, mais quand elle a remarqué son comportement, et son irrésistible envie de consommer lorsque ses moyens ne lui ont plus permis d’acheter, elle a comprit. Alors, elle a réussit à trouver un arrangement avec son dealer à qui elle devait déjà de l’argent : vendre elle aussi, en échange de sa dose. Voire même d’argent si jamais elle travaillait plus.
Au début, elle n’avait pas voulu, mais elle avait tenu quoi… deux jours ? Puis elle avait accepté. Elle restait dans son problème, en s’en rajoutant un autre, elle le savait, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher.
Du coin de l’oeil, elle remarqua un jeune homme, qu’elle reconnu immédiatement. Un des clients réguliers. Puis, il était cool lui. Il avait déjà essayé de la draguer, mais elle lui avait fait comprendre que ça n’allait pas être possible. Ca ne l’empêchait pas de continuer d’essayer, pour rigoler. C’était devenu redondant, mais amusant. Elle lui sourit rapidement et chercha le sachet qu’elle avait dans son sac : un simple sachet en papier starbuck, contenant un muffin ainsi que la commande. Histoire de faire légèrement plus naturel.
« Comme prévu, ton muffin bi-choco ! Et ton cent »
Il prit le sachet, l’ouvrit et vérifia. Il sembla satisfait.
« Parfait, comme je l’aime ! Et c’est bien la seule jolie chose que j’aime quand elle est emballée »
Il lui fit un petit clin d’oeil et la blonde leva les yeux au ciel de façon faussement désespérée.
« Aller, file-moi la thune au lieu de dire des bêtises »
Il s’exécuta et lui tendit. Bien, le compte y était.
Il parlèrent quelques temps, puis Dylana du l’abandonner.
« Désolée, j’peux pas trop rester cette fois, j’ai rendez-vous avez une pote !
- Une « pote » hein »
Elle leva à nouveau les yeux et s’en alla. Pour le coup, c’était vraiment une pote, plus même, elle la considérait comme sa meilleure amie désormais. Elles s’étaient connues au lycée, et n’avaient jamais rompu le contact. Toujours à faire les quatre-cent coups ensemble. Trois ans qu’elles se connaissaient maintenant, hein ? Ca commençait à faire. Et puis, ça faisait quelques temps qu’elles habitaient ensemble aussi. La miss avait fuit ses parents et comme Dylana avait son propre appart depuis peu grâce à son autre p’tit boulot, elle l’avait forcé à ramener ses fesses chez elle. Elle aurait pas pu la laisser dans la merde comme ça. Et ça lui faisait de la compagnie chez elle au moins !
Elle observa sa montre. Ah, retard.
[ Message to Mamalia
Sorryyyyyy je vais avoir du retard ! Rentre dans le ciné pour nous garder une place ! ]
2 Mai 2015
Elle courrait bordel, elle courrait à en perdre haleine. Ses poumons lui faisaient comprendre à cet instant précis qu’ils n’avaient pas aimé être maltraités ainsi toutes ces années. Jusqu’à présent elles s’en était fichu complètement, mais pas là bordel. Pas maintenant qu’elle avait les flics au cul.
On l’avait remarquée, en train de vendre. Son client s’était déjà fait chopper, mais il lui avait presque rien prit, alors il n’allait rien avoir comme peine. Elle par contre… vu ce qu’elle détenait en ce moment-même, ça allait être autre chose.
Même si l’adrénaline jouait beaucoup pour l’aider, sa condition physique finit par ralentir son allure, et les gars se rapprochaient, bien vite, elle se senti tirée en arrière par sa veste, et tomber contre le sol. Elle arracha un grognement de douleur et tenta de se débattre, donnant des coups à l’aveugle de façon désespérée. Mais elle fut bientôt plaquée face contre terre, un métal froid entravant désormais ses mains. Stuck.
« Enfoirés ! »
Elle leur hurla dessus et mis un certain temps à se calmer. Malgré son regard assassin, elle finit par se laisser faire. On la fouilla, et elle senti les mains de l’agent de l’ordre insister sur ses formes.
« N’en profite pas connard, ou j’te jure que tu vas le regretter »
Une de ces collègues se tourna à cet instant, et le poussa, pour reprendre la fouille à sa place, après l’avoir incendié du regard. Hm, elle par contre elle n’aurait aucun soucis à ce que ses mains se baladent à ces endroits. Mais elle retint une remarque. Elle trouva les endroits où elle avait sa marchandise, et la regarda dans les yeux, soupira.
« Vu la quantité que vous avez, je suppose que vous savez ce que vous encourrez mademoiselle. »
La blonde serra le dents, et l’évita du regard.
« Je prends ça pour un oui, on vous embarque »
C’était couru d’avance. On l’amena alors jusqu’à la voiture, et le véhicule démarra. Bordel.
Plus rien n’allait ces dernières années. Rien du tout. Là, c’était la cerise sur le gâteau.
En premier lieu, elle avait apprit que sa meilleure amie avait plongé autant qu’elle, et s’était même mis à vendre, à cause d’un homme qui ne méritait en aucun cas sa confiance. Ensuite, elle avait enfin trouvé un véritable travail qui lui permettait de répondre complètement à tout ses besoin, alors, elle était allée prévenir celui pour qui elle vendait qu’elle ne souhaitait plus travailler pour lui. Mais les choses n’étaient pas passées comme prévus. Elle était clairement jeune et stupides lorsqu’elle avait accepté ce marcher, car désormais, elle y était pieds et poings liées. Il avait refusé qu’elle s’en aille, maintenant qu’elle y était, elle y restait. Et il lui avait clairement fait comprendre qu’elle n’avait pas intérêt à s’en aller, car sinon, c’était sa meilleure amie qui prenait. Et il était hors de question qu’elle prenne alors que rien n’était de sa faute.
Et puis, cela faisait un peu moins d’un an qu’elle avait fichu Amalia à la porte. Depuis le début, elle lui disait de ne pas rester avec ce type qui la faisait plonger, mais elle y était éperdument amoureuse, et elle voyait bien que leur relation était toxique alors qu’il n’était même pas encore vraiment ensemble. Dylana l’avait prévenue : Si elle officialisait les choses avec lui, elle n’était plus la bienvenue chez elle et elle allait devoir partir. Chose dite, chose faite. Le soir même où elle avait apprit que les deux avaient finit ensemble, elle avait mis ses affaires à la porte et depuis, elles ne s’étaient jamais revues. C’était radicale comme situation, mais elle l’avait prévenues, elle avait tout fait pour l’empêcher de finir avec un homme en aucun cas recommandable. Ca lui faisait mal, mais c’était sa façon d’agir.
Et maintenant ça… Mais là. Là. C’était fichu.
***
Elle avait tout passé, les interrogatoires, tout. On lui avait proposé une chose : Dénoncer ses complices, pour avoir une réduction de peine. Au vu du connard qu’était son patron, elle l’a fait, clairement. Maintenant, restait plus qu’à savoir combien de temps elle allait croupir en taule. Enjoy.
14 Mars 2018
La liberté hein ? C’était ça ?
Se réveiller à la lumière du soleil, s’endormir quand on trouvait un endroit où dormir, quand les gens daignaient ne pas faire de bordel ? Rester là où on veut bien qu’on reste, manger quand on nous permettait bien de manger ? Avoir un état physique que les autres pensaient négligé alors qu’on était déjà à notre maximum ? Être la risée de tous, recevoir des regard colériques, tristes, ou dégradant ? Ne pas savoir chaque soir si on allait pouvoir voir vivre un nouveau jour ? Subir le froid plus que jamais ?
Dans son cas, c’était ça. Pas d’endroit où vivre parce que pas de travail et pas de travail parce que pas d’endroit où vivre. Et elle était trop honteuse de son état, de ce qu’elle avait fait, de son passage en taule pour faire savoir à ses proches qu’elle était sortie et quémander une place dans leur appart. Elle avait préféré rompre tout contact avec tout le monde, et tout réussir par elle-même. Deux semaines environ qu’elle était dans la rue ? Jamais elle n’aurait pensée être dans cette situation. Jamais. Et bordel, elle était perdue. Et seule sa fierté mal placée l’aidait à tenir étrangement, c’était la seule chose qui lui donnait un minimum de volonté pour aller vers l’avant. C’était peut-être même grâce à ça que ça allait être le deuxième soir où elle allait jouer et chanter dans un bar, et se faire un peu de sous. Ca avançait, petit à petit. Au lieu d’un sandwich premier prix, elle allait pouvoir manger un sandwich de boulangerie.
« Bullshit »