Il fallait dire que là, elle était vraiment stressée. Impossible pour elle de se calmer. Une douche bien chaude, un bon thé au miel et un petit déj assez riche pour la caler sur toute une semaine, et elle était toujours en train de tapoter son doigt sur la table, en fixant sa montre, pour être sûre de ne pas partir en retard pour prendre son transport.
Elle avait mit des annonces sur internet, où elle proposait ses services contre rémunération, dans des bars ou soirées. Là, ce n’était pas juste un p’tit bar au coin d’une rue qui voulait qu’elle gratte trois minutes. Là, c’était la gérante d’une hôtel de luxe qui l’avait contactée, pour jouer dans le bar de son hôtel. Pour le coup, ça avait l’air un peu plus sérieux, et moins de risque que ce soit aussi aléatoire que les petits boulots qu’elle enchaînait en ce moment.

Elle appréciait beaucoup Amalia, mais là, elle avait mis leurs conversations en silencieux, parce qu’elle savait d’avance qu’elle n’allait pas arrêter de lui envoyer des messages pour savoir où elle était, comment ça se passait et autre. Ca allait plus la stresser qu’autre chose.

[ Message to Mamalia  : « Mon phone a plus de masses de batterie, si j’te parle pas des masses, c’normal. Bisouuuus  » ]

Un dernier check-up dans le miroir, classique, comme à chaque fois qu’elle avait un entretien. Chemise cintrée bleue claire – elle était un peu trop fan des chemises -, slim anthracite, doc, et veste en cuir. Toujours le même type, parce que même pour un entretien, elle voulait rester un minimum elle-même. Propre sur elle. Mais elle-même. Un dernier coup de déo, puis elle attrapa son sac déjà prêt pour s’en aller ainsi que sa guitare.

Elle ferma derrière elle et mit son casque sur ses oreilles, pour tenter de se détendre. Se concentrer sur la musique, sa rondeur, ses piques, son agressivité ou sa douceur. Le chemin se fit alors à l’instinct jusqu’à l’arrêt de bus, entre temps elle repoussa également un jeune homme qui tenta de lui demander son numéro. Démarche audacieuse, même s’il avait l’air légèrement timide et en aucun cas lourd. Elle fit un petit sourire désolé.

« Désolée, j’suis comme toi, j’aime les filles »

Et particulièrement celle qu’elle entrevoyait à l’arrêt de bus une dizaine de mètres plus loin. Elle du retenir ses ardeurs une fois là bas, car le stress ne la rendait vraiment pas compétente là dessus. Et puis, elle devait tout de même rester un minimum concent-… God ces fesses.
Erm.

Elle se mit une claque mentale et attendit sagement le transport, rentrant dedans rapidement pour se trouver une place assise. Elle n’arrêta pas de bouger sa jambe sans remarquer les regards assassins qu’on pouvait bien lui lancer. La blonde aurait pu se confier à sa meilleure amie, mais elle avait bien trop prit l’habitude de tout garder pour elle, elle prenait le temps de se réadapter, et ça se faisait tout doucement. Puis, elle aurait tout le temps de lui ô combien elle avait été nerveuse ce soir.
Perdues dans ses pensées, elle faillit louper son arrêt et descendit au dernier moment, entendant le chauffeur râler, mais elle s’en fichait un peu à vrai dire. La blonde sorti alors son téléphone pour se rendre jusqu’à l’adresse indiquée. Chose qu’elle parvint à faire sans trop de soucis.
Arrivée devant l’établissement, elle prit le temps d’admirer la devanture, cherchant à s’imaginer le type d’ambiance qui pourrait y avoir ici. Assez décontractée ? Bourgeoise ? Coincée du cul ? Mh, elle allait voir. Sans réfléchir une seconde de plus, elle franchit le pan de la porte et se trouva aspirée par l’entièreté du lieu. Calme, propre, carré. Combien de temps qu’elle n’était pas allée dans un lieu pareil ? Certainement trop longtemps, et trop de peu de fois surtout. Quoique, ce n’était peut-être pas plus mal.

Ses yeux se posèrent sur la jeune femme qui semblait être l’agent d’accueil, et elle s’y dirigea en tentant de calmer son coeur qui s’affolait avec sa nervosité qui augmentait à mesure qu’elle s’approchait.

« Bonjour, je suis Dylana MacDunn, j’avais rendez-vous avec madame Black à 15h30 »

La jeune femme signala sa présence à la gérante et Dylana se posa dans un coin de la salle, attendant la directrice de l’hôtel. Elle se concentra sur ce qu’elle pouvait bien dire, tout en contournant bien entendu la partie prison de sa vie, arrangeant son récit pour ne pas en parler sans que l’on pense qu’il y ait un trou dans sa vie dont elle ne parlait pas.
La musicienne attendit peu de temps avant de voir un mouvement, une porte qui s’ouvrait. Pour dévoiler une silhouette qui…
Oh non.
Elle perdit totalement la face, un visage surpris, absolument pas dans le bon sens. Tout semblait s’écrouler autour d’elle, revenir. Ses sensations, cette pression, cette obligation dont elle n’avait jamais su se défaire. L’arrestation, cette haine qu’elle avait ressenti durant trois ans.
Tout revint au galop. Elle senti une boule se former dans sa gorge et son estomac se serrer.
La femme de l’homme qui l’avait manipulée, puis exploitée en usant de chantage. Le prénom lui avait effectivement dit quelque chose, mais le nom n’avait pas correspondu, elle n’y avait pas plus songé que ça lors de l’échange des mails.
Puis, merde. Elle l’avait dénoncée ? Elle n’aurait pas du rester si peu de temps en taule, ou alors elle avait fait un sacré dessus de table. La blonde avait toujours été aussi certaine qu’elle trempait autant dans la drogue que son mari. Et puis… ce changement de nom. Mais mais… rien à faire elle ne comprenait pas.
La chose qui semblait claire en ce moment, c’était que les deux femmes avaient comprit l’une et l’autre qui était la personne qu’elles avaient respectivement en face d’elle.
Malgré tout, elle balaya son expression pour aborder un sourire qu’elle força, pour se donner bonne conscience. Elle tendit sa main pour la saluer, serrant sa paume d’une bonne poigne. Oh non, elle ne se laisserait pas faire. Sa haine était revenue, mais elle ferait son possible pour chopper ce taff.

« Bonjour Madame Black »