brook & freyja

Un nouveau départ, la raison pour laquelle je quittais l’Arizona et choisis la Californie. Pasadena, un endroit de prédilection, non seulement de part la population y habitant, mais également car mon commerce serait l’un des rares ouverts dans le coin. Des idées de grandeurs, l’espoir de voir les clients faire irruption, de devenir une femme d’affaires très sérieuse. Malheureusement, mes débuts furent des plus décevants. L’équipement, tout d’abord, tarda à venir, ce qui fit fuir plusieurs potentiels clients. Puis le manque de publicité et de reconnaissance quant à la communauté du BDSM me laissèrent désemparée. Ce qui me sauva réellement de la fin de mes aspirations, ce fut ma rencontre fortuite avec Alicia. Grâce à elle, mon donjon prit son envol, la liste de clients ne cessa de grandir et enfin, je vis la lumière au bout du tunnel. Cependant, derrière toute entreprise, surtout une où les plaisirs charnels sont à l’honneur, il faut un visage, quelque chose qui vendra le produit. Ainsi, je partis à la chasse aux photographes. Je commençais à chercher dans les alentours de Pasadena, mais on dirait bien qu’un sujet si … particulier n’intéressait pas, ou les effrayait, tout simplement. Il me fallut donc parcourir un peu de route, afin de me retrouver à Los Angeles. Là, une fois de plus, on me refusa ma demande à quelques reprises, jusqu’à ce que je me mette à chercher dans les agences de mannequinat. Qui sait, peut-être que les photographes étant associés à de tels lieux pourraient m’aider dans ma requête.

Dans le grand carnet d’adresses, ces fameuses pages jaunes, je tombais sur un nom inspirant. Hope for the Sunshine. Eh bien oui, pourquoi pas! Me voilà donc en route vers cette agence, adresse à la main, jouant par la même occasion les touristes. Après tout, être à Beverly Hills et ne pas s’arrêter une fois pour observer les vitrines de magasin, c’est un crime! Je fis le tour de quelques boutiques avant de continuer mon cheminement. En arrivant devant les lieux, je ne pus qu’être impressionnée. Être placés dans le quartier des affaires, c’est trôner parmi les gratte-ciels, architecture à couper le souffle de n’importe qui, dont moi! Une belle vue, soit, mais je n’étais pas venue que pour ça. Le plus ardu était encore à venir; il me fallait user de plus de calme que d’habitude, question que l’on ne me prenne pas pour une sauvage. Je ne menais pas le bal, je me retrouvais au bas de l’échelle, je demandais une faveur. Pas question de monter sur mes grands chevaux! J’entrais ainsi prudemment, non sans une démarche gracieuse, la tête haute, mon regard scrutant l’accueil, à la recherche de quelqu’un pouvant bien me répondre. J’aperçus alors une jeune femme, fixée sur l’écran de son téléphone. Vu le manque de personnel, j’entrepris de l’arrêter gentiment, mais aussi sur un ton plutôt direct, comme lorsque j’étais au donjon. « Excusez-moi. Travaillez-vous ici ? » J’attendis d’avoir son attention pour poursuivre. « J’aimerais avoir quelques informations, mais il semblerait que la secrétaire n’est pas à son bureau. Pourriez-vous m’aider ? » Un petit sourire, quelque chose de charmant afin de ne pas l’effrayer. Selon certains, je ne réussissais pas vraiment à relâcher la tension, à délaisser le rôle de dominante.