› je suis la dernière fille d’une famille de cinq enfants. J’ai quatre soeurs aînées, Marie, Madeleine, Elizabeth et Camille. J’ai eu de la chance d’hériter d’un prénom sans trop de connotation. Chez nous, la procréation, c’est sacré. J’ai d’ailleurs déjà six nièces et un neveu, pas moins. L’aînée de la famille a trente ans, puis la seconde en a vingt-sept, puis la troisième en a vingt-trois, et enfin Camille en a vingt.
› la religion fait notre éducation. Mes parents sont catholiques très pratiquants, autant vous dire que la messe et compagnie, ça me connait. J’ai été baptisé, communié, et tout ce que vous voulez. Mes soeurs ont suivi le chemin, à l’exception de Marie qui n’est toujours pas mariée. Madeleine est déjà mère de famille avec quatre progénitures, Elizabeth en a deux. Camille est sur le point de se marier. En théorie, je suis censée me marier l’année de mes vingt-ans moi aussi, mais c’est dans trois ans, et je pense avoir le temps.
› ça fait déjà deux mois que mes parents m’ont présenté l’homme avec qui je dois me marier. Il appartient à la famille de notre médecin de famille, Docteur Tremblay. C'est le plus jeune, Mathieu, et je le déteste. Il est répugnant, il est bien trop coincé pour moi, et de toute façon, je n’ai pas envie qu’on m’oblige à épouser quelqu’un. J’ai envie de choisir moi-même.
› la religion ça n’a jamais été mon truc. Je suis en quelque sorte le mouton noir de la famille, celle qui hurlait quand elle était enfant dans l’Eglise, celle qui préfère manger l’ostie goulument plutôt que la déguster convenablement, celle qui ne veut pas attendre le mariage pour offrir sa virginité. J’ai l’impression de ne pas être une Gauthier, je vous jure.
› mon premier anniversaire restera gravé dans les mémoires. 11 septembre 2001, Félicie d’amour fête ses un an, et inutile de préciser ce qu’il se passa ce jour-là. Mes parents m’ont toujours dit que j’avais été le soleil de la journée à l’Eglise, à faire sourire les personnes, le prêtre, et à amuser ma galerie. Parce que j’ai toujours été comme ça, joyeuse, j’ai le sourire pendu aux lèvres, je suis positive, l’optimisme incarné.
› je suis en dernière année du secondaire dans la classe de littérature et philosophie, mes deux passions. Pour la suite, je ne sais pas ce que je veux faire. Que dis-je, une femme doit servir son mari et servir de mère de famille, c’est le discours de mes parents depuis dix-sept ans, mais une fois encore, je ne suis pas du même avis.
› à mon dernier anniversaire, dix-sept ans, ça se fête et ce n’est pas n’importe quoi. Mes parents avait prévu une grande fête, avec mes soeurs, et la famille de mon ‘futur-mari’. Ça s’annonce très ennuyant, mais j’avais une idée derrière la tête…