"dis maman, qui c'est papa ?"

Je crois que cette question là je l'ai posé trop souvent quand j'étais gosse. Ma mère, elle, elle me disait qu'elle ne savait pas mais elle me rassurait sur le fait que mon père était riche. De toute façon, depuis que je suis gamine, on n'a pas arrêté de bouger avec ma mère. De maison en maison. Elle était femme de ménage dans des baraques de fous et moi bien sûr, je la suivais. J'admirais la façon dont elle s'occupait d'un logis. En s'occupant aussi très bien des maris qui y habitaient malgré que leurs femmes étaient présentes. Cependant, elles n'avaient pas la même classe que ma mère. Ni sa plastique de rêve et son caractère de feu. C'était obligé que les hommes craquaient à chaque fois. Ils sont tellement faibles. Et puis lorsque ma mère avait ce qu'elle cherchait, on partait de la maison. J'avoue, pour une gosse, c'était un peu difficile à assimiler tout ce qui se passait autours de moi. Je ne comprenais pas pourquoi on partait alors qu'on était tellement bien lotie. Ma mère me disait toujours « Non Eddy, on n'a pas besoin d'eux pour vivre heureux. On a de l'argent et on peut aller vivre n'importe où dans une autre grande maison, peut-être bien plus grande que celle-là. » Ouais bah franchement, on pouvait faire avaler vraiment n'importe quoi à une gosse ! Parce que j'y croyais fermement à ce qu'elle me disait. C'est que des années plus tard que j'ai compris pourquoi on partait à chaque fois.

"c'est ta première, en scène ma chérie !"

J'avais dix huit ans quand j'ai fait ma première fois. Enfin, la première fois en tant que femme de ménage hein ! Ça faisait un moment que j'avais déjà vu le loup. Ma mère m'avait inculqué toutes les combines pour séduire un homme et j'étais une très bonne élève. Ma mère, elle, elle était toujours aussi belle mais moins que moi. Du coup, je la remplaçais dans le boulot. Elle m'avait inculqué aussi comment manipuler les hommes pour les attirer dans mes filets. Dans la pratique en dehors du boulot, j'excellais déjà. Et surtout, elle m'avait appris comment les escroquer. « Faut les travailler à l'usure ! La patience est toujours récompensé. Il faut qu'ils aient une totale confiance en toi. » me disait-elle tout le temps. A peine j'étais rentrée dans cette nouvelle demeure que le mari me lorgnait déjà, me dévorant des yeux. C'était sûr, il avait envie de moi. Pourtant, moi, ce n'était pas lui qui m'intéressait. Non, c'était sa femme. Une belle femme blonde d'une quarantaine d'année, l'air triste mais néanmoins fabuleux. Oui, son visage m'avait hanté. Ça se voyait qu'elle ne s'éclatait pas trop avec son mari, un peu trop pervers à mon goût. Il était dégueulasse. Je me demandais même comment cette femme avait pu tomber dans ses bras. A ce moment là de ma vie je ne me posais pas trop de question sur ma sexualité. Je savais juste qu'elle me plaisait. Que je la voulais, irrésistiblement. Alors au lieu de travailler à l'usure le mari, je passais tout mon temps à séduire subtilement la femme au foyer. Faisant le ménage avec des tenues équivoques, me baissant doucement lorsqu'elle était derrière moi pour lui montrer tout ce que j'avais à lui offrir. Et j'ai réussi à l'avoir d'ailleurs. A l'usure. Cependant, je ne m'étais pas attendue à ce que je tombe raid dingue d'elle ! A dix huit ans tout était beau, on ne vivait que d'amour et d'eau fraîche. Au moins je la rendais heureuse moi. Ça a causé un léger soucis sur ce que je devais faire. Je ne voulais pas lui faire du mal. Je ne voulais pas l'arnaquer en mettant des caméras cachées dans la chambre au moment où on se rencontrait en cachette - toujours - . Je ne voulais pas lui dire au moment où elle voulait mon corps "Non, Miss, j'ai du travail à faire." et faire comme si sa proposition me gênait. Je ne voulais pas lui montrer la vidéo quelques semaines après pour lui dire que si elle ne voulait pas que je porte plainte pour harcèlement sexuel, il valait mieux qu'elle me file du fric. Et pas qu'un peu. Pourtant, c'était ce que j'ai fait malgré moi. Ma mère m'avait convaincu. Elle m'avait dit que jamais elle resterait avec une femme de ménage qui n'avait même pas la moitié de son âge. Que jamais elle quitterait un homme riche pour vivre une vie de bohème, sans revenues stables. Et que je la rendrais triste si jamais elle le ferait. J'avoue, elle était convaincante. Manipulatrice comme elle était. C'était la première fois que j'ai eu le cœur brisé - par ma faute - et ça sera la dernière.

"la liberté il n'y a que ça de bon"

J'en ai fait du chemin depuis cette épisode où j'étais une vraie fleure bleue. Je ne suis jamais tombée amoureuse depuis car en faite je me l'interdis. Du coup, je suis devenue experte dans l'art de la manipulation sur mes employeurs, hommes et femmes. Je n'ai pas de pitié à les escroquer car je ne ressens rien pour eux. Et je n'ai pas envie de ressentir quoi que ce soit d'ailleurs. J'ai envie d'être libre de mes pensées et de ce que je fais. Si j'ai des scrupules ? Non pas du tout. Je me dis qu'ils ont tous assez d'argents pour m'en donner aussi. Je ne les ruine pas pour autant mais je veux assurer mon futur. Ma mère est morte l'année dernière, d'une leucémie. Du coup, je vogue en solo. Sa perte m'affecte tout les jours mais je ne le fais pas paraître, il faut que je sois forte comme elle m'avait dit avant de rendre son dernier soupir. Alors c'est ce que je fais. J'ai déménagé de Miami pour aller à Pasadena, les souvenirs de ma mère étaient trop présentes dans cette ville. Fallait que je change d'air. Ça fait que quelques mois que je suis arrivée en ville mais j'ai réussi déjà à décrocher un boulot dans une belle baraque, chez la famille Cox.

"Miss Cox"

La première fois que je suis rentrée dans la maison, j'étais vraiment abasourdie. C'est trop magnifique ! C'est la première maison qui me clou le bec à vrai dire. Et ce n'est pas facile de me la faire fermer, ma gueule. L’accueil de Mr. Cox a été chaleureuse mais celle de sa femme... Comment dire. Elle me regarde comme si j'étais une fille de joie en faite. Comme une pute qui veut juste se serrer son mari. Enfin c'est pas ce qu'elle m'a dit mais je connais trop bien ce regard. Ok, Mr. Cox est charmant, je dois l'avouer mais Miss Cox... Elle, elle envoie du lourd ! Du très lourd même ! Un avion de chasse ! Elle me fait penser un peu à la première femme que j'ai servi quand j'avais dix huit ans, à vrai dire avec son air frigide là, pfou, ça m'émoustille tout ça. Malgré que j'ai l'impression qu'elle m'assassine du regard à chaque fois. Enfin quoi que ça fait que quelques jours que je suis là, on verra bien si elle restera aussi froide quand elle passera entre mes mains.