When we first met, I never felt something so strong

 
Il fait noir, il est tard. Pourtant, la lumière du skatepark nous fait croire à la lumière du jour. On est à l'extérieur, le vent fouette nos visages, surtout le mien. Assise sur le rebord de parcours de skate, je regarde mon petit frère pratiquer sa passion. Il a déjà essayé de me faire monter dessus, je me suis retrouvé les fesses par terre, j'ai abandonné. Je l'accompagne juste pour le surveiller. Puis, selon mes parents, ça me fera rencontrer des gens, j'ai 17 ans et je n'ai que très peu d'amis. Pff, on s'en fiche de cela, non ? Vraiment, c'est moi la plus embêter, pas mes parents, pourtant, on dirait que leurs vies sont en jeu. Certes, j'y ai rencontré des personnes. Ils sont presque tous plus jeune que moi, surtout que mon frère retrouver des ados de son âge, donc de douze ans. Je le regarde faire, avec un sourire aux lèvres. Il a l'air heureux alors que mon cœur est à deux doigts de lâcher à chaque fois qu'il perd l'équilibre sur son skate. Pour essayer d'avoir moins peur, je regarde autour de moi. La plupart sont des visages connus, au moins de vue. Il y en a juste un que je n'ai jamais vu. La lumière l'éclaire bien et non, je ne l'ai jamais vu. Elle est assise, seule. Je me relève et je vais m'asseoir à côté d'elle.
« Salut, moi c'est Sloan »

Ooh you're the best friend that I ever had, I've been with you such a long time. You're my sunshine and I want you to know that my feelings are true, I really love you.Oh you're my best friend

Depuis, on ne s'est plus lâché. Régulièrement, elle est venue au skatepark. Je lui envoyais un message lui disant que j'y amenais mon petit frère, elle venait aussi. On s'asseyait à une table et on discutait. On s'est vu hors du skatepark, c'était notre façon d'être que toutes les deux, sans mon frère qui n'arrêtait pas de nous regarder. On est devenue amies. Malgré qu'elle soit plus jeune, j'ai trouvé en elle, l'amie dont j'avais besoin, l'amie à qui je pouvais parler quand ça n'allait pas et mes parents étaient contents. Une fois ma mère m'a demandé si j'arrivais à être sur la même longueur d'onde qu'elle à cause de nos âges, mais c'était bizarre, on avait qu'à se voir pour savoir de quoi parler.

Je quitte la table après le repas, j'arrive à esquiver la débarrassage de table, mais ma mère ne me loupe pas pour que je fasse la vaisselle. Je la fais donc, sous les moqueries de mon frère. Certes, il est un peu chiant, mais je l'aime beaucoup. J'essaie d'être la meilleure des sœurs possibles pour lui. Alors que je prends le magazine people que ma mère a laissé dans le salon, quelqu'un frappe à la porte. Pour ne pas déranger mon père qui est devant la télé avec ma mère dans ses bras, je vais ouvrir. Il fait encore jour dehors, à cause du travail de mon père, on a toujours pris l'habitude de manger tôt le soir. Je découvre Aisling devant moi. Je lui souris. Elle n'a pas l'air d'aller super bien alors je la laisse rentrer dans la maison. Elle salue mes parents et on monte dans ma chambre. Avant de rentrer dans la mienne, je vais dans celle de mon frère et le menace de le dénoncer pour le vase de notre mère s'il débarque dans ma chambre, il souffle, mais accepte de rester sur son lit spider-man. Assise sur mon lit, je l'ai rejoins. Elle m'a expliqué sa situation, le pourquoi elle a cette tête. Elle m'explique qu'elle vient de quitter son petit ami parce qu'elle ne voulait pas avoir de rapport avec lui, pire, elle ajoute que rien qu'imaginer cet acte la dégoûte. Je ris doucement tout en lui lançant qu'elle est sûrement gay. C'est fou comme c'est plus facile de dire ça des autres que de dire ça de nous-même.

The hardest part is I just can't love you back  

Elle m'a dit qu'elle est sûre d'être lesbienne. Elle a embrassé une fille et elle a aimé ça. Je me demande si elle a ressenti tout ce que moi, j'ai ressenti la première fois que j'ai embrassé une fille. Je lui ai dit de faire son coming-out à ses parents, après tout, j'étais sûre qu'ils allaient l'aimer comme cela. J'avais tord. Je l'ai poussé à faire quelque chose de grave, ils l'ont mis à la porte. Elle a sonné à la mienne et ma mère m'a interdit de ne pas la garder chez nous le temps qu'elle retrouve une situation stable. À vrai dire, de moi-même, je ne l'aurais pas mis dehors. C'est mon amie, ma meilleure amie, je dois être là pour elle.

J'ai pris un appartement pour me débarrasser de ma famille, j'ai pris Aisling avec moi. Je ne lui demandé pas plus que ça de payer le loyer avec moi. Je faisais des petits boulots ce qui me rapportait de l'argent pour pouvoir le payer. Ce n'était pas le grand luxe, mais c'était la colocation parfaite. Un soir, elle est rentrée de l'académie de police, j'étais déjà à la maison. Elle avait l'air tracassée alors je l'ai obligé à me parler. Elle m'a parlé et je ne pensais pas à ça comme paroles. Elle m'a avoué avoir des sentiments pour moi. J'étais perdu, que dire ? Elle m'attire. Elle est belle, intelligente, on est super amie. Oui, on aurait dû sortir ensemble, pourtant, j'avais peur, peur qu'on se dispute, que ça gâche notre si belle amitié. Je ne voulais pas la perdre à cause d'une bricole. Je ne lui ai pas dit que je l'aimais en retour. J'ai quand même tout gâché. Elle a pris ses distances en prenant un appartement avec un garçon de l'académie. Je me suis retrouvée seule et je ne pouvais plus rester ici. Je ne pouvais plus me faire à l'idée qu'elle est partie de l'appartement. Je devais aussi partir moi aussi pour que ça devienne concret dans ma tête. Je n'avais aucune idée de quoi faire, d'où aller. Alors, au début, j'ai juste quitté la ville pour une autre avant de tomber sur un reportage de Quantico, là où ils forment les futurs agents du FBI. Je me suis lancé dans l'aventure.

Oh and when you held my hand. I knew that it was now or never. Those were the best days of my life. Back in the summer of '69

Mon petit frère me saute dans les bras. Cela fait bien longtemps qu'on ne s'est pas vu, un peu plus d'un an. Je ne peux pas mentir et je lui dis qu'il m'a manqué. Il se sent touché, il se moque littéralement de moi. J'embrasse aussi mes parents, ma mère scrute chaque partie de mon corps pour savoir si je suis encore en entière. Elle est adorable même si je n'en peux plus de ses appels presque tous les jours pour savoir si je suis morte ou non.

Après le repas, mon frère me dit qu'il y a une fête le soir-même en ville. Je le suis. J'ai besoin de décompresser de mon travail et de ma mère. Bien sûr, je dois le surveiller. Décidément, couper le cordon est vraiment dur pour notre mère. Rapidement, dans la fête, je perds mon frère qui retrouve des amis à lui. Il me laisse complètement seule. Je prends des verres au bar, je danse lorsque je connais la chanson. À un moment, j'ouvre les yeux et devant moi je la vois qui me regarde. J'ai eu l'air ridicule devant elle, moi qui ne sais pas danser, j'ai complètement honte. Mais je m'avance vers elle, elle m'a manqué. Au début, elle essaie de m'éviter, mais j'arrive à la garder pour moi pour le reste de la nuit. Elle finit même dans mon lit. Je peux dire que j'ai passé la meilleure des nuits avec elle. J'ai aimé chacun de ses touchers.

Endormis à côté de moi, elle me fait face. Je caresse doucement son visage pour ne pas la réveiller. Je souffle quand je me rends compte que je dois repartir, que je ne peux pas rester. Je me lève, m'habille. Sur un bout de papier, je lui écris que je dois repartir pour Boston, là où je travaille. Ca m'a fait mal au cœur, elle a dû être encore plus blessé.

Only know you love her when you let her go  

« Il faut que je parte.
– Sloan, t'es sérieuse ? Non, tu ne peux pas partir comme ça.
– Si. Je suis désolé, ce n'est pas toi que j'aime.
– C'est bien parce que tu ne m'as pas dit ça la nuit dernière !
– Je n'arrive pas à me l'enlever de la tête. C'est elle que je dois retrouver.
– En temps normal je suis gentille, mais là, je n'ai même pas envie de te souhaiter d'être heureuse. »
Je la fixe, elle a les larmes aux yeux. Est-ce que je suis une mauvaise personne à la quitter comme cela ? Sûrement. Mais pourquoi rester avec une personne que je n'aime pas ? Non, j'ai compris, c'est Aisling que j'aime. J'ai l'impression que mon cœur bat plus vite quand je pense à elle. À chaque fois que je fais l'amour avec ma copine, c'est à notre nuit avec Ailsing que je repense. Je prends mes affaires et je quitte l'appartement. Plus aucun mot ne s'est dit entre nous.

And when you smile the whole world stops and stares for a while 'Cause girl, you're amazing just the way you are

Je l'ai retrouvé, je lui ai dit que j'étais désolé, qu'il m'a fallu du temps pour comprendre que c'était elle la femme de ma vie. Malgré ça, elle ne me dit pas en retour qu'elle m'aime, comme par vengeance. Ce n'est qu'après quelques mois que nous sommes devenus un couple. J'étais là pour elle, je lui donnais de l'affection et elle a faiblit.

J'ai été invité au mariage de la sœur d'Aisling, que j'ai connu quelques années après ma rencontre avec ma petite-amie. Je ne m'étais pas attendu à ce qu'il s'est passé le soir, je ne me suis pas attendu à ce qu'elle me demande de devenir sa femme. Cette fois-ci, je ne pouvais pas tout gâcher, je l'aimais, je ne pouvais plus la perdre. J'ai accepté.

C'était un petit mariage privé. Il y avait mes parents, mon frère. Il n'y a pas les parents d'Aisling, mais il y a un homme. Je ne le connaissais pas, mais elle me l'a présentait. Je ne peux que l'apprécier pour ce qu'il a fait pour ma femme. Elle a cette lumière dans son regard quand elle parle de lui. C'était une petite cérémonie, on voulait être heureuse toutes les deux, on s'en fichait du nombre de personne autour de nous ce jour-là. On voulait juste de l'amour.

Moi je t'offrirai des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas. Je creuserai la terre jusqu'après ma mort pour couvrir ton corps d'or et de lumière. Je ferai un domaine où l'amour sera roi, où l'amour sera loi, où tu seras reine. Ne me quitte pas  

Seule. Je suis complètement seule. Quelques fois, j'ai l'impression d'entendre le rire de notre fils Charlie. J'aimerais tellement que ces hallucinations soient vraies. Parfois même, j'ai l'impression d'entendre ma femme me parler, je me retourne et elle n'est pas là. Assise à la table de la salle à manger, cela fait quelques heures que je n'arrive pas à bouger de là. Il y a des dossiers étalés devant moi. Je les fixe sans en lire les contenus. Je n'arrête pas de me demander ce que j'ai fait et ce que je dois faire maintenant. À quel moment est-ce que j'ai merdé ? J'avais tout et maintenant, je n'ai plus rien.

À chaque fois que je m'endors, les mêmes images reviennent à ma mémoire. Dans mes cauchemars, le téléphone continue de sonner, à chaque fois, je décroche et on me sort toujours la même phrase, celle où ma femme est à l'hôpital. On me le dit de façon différente parce que mon cerveau ne retient pas toujours les vrais mots que l'on m'a dits à ce moment-là. À chaque fois, comme dans la réalité, je m'effondre, je crie parce que je ne veux pas y croire. Comme la fois d'avant, j'ai pensé la perdre et je ne voyais pas ma vie sans elle. Je ne voulais pas vivre sans elle. Je me suis plongé dans le travail parce que j'étais incapable de la voir dans son lit d'hôpital. Je sais que j'aurais dû être là pour son réveil, mais je ne pouvais pas, c'était plus fort que moi, je ne voulais pas la voir dans cet état. Le soir, quand je devais rentrer chez moi, obligé par mon supérieur, je me perdais dans l'alcool. Ce penchant est né pour couvrir ma solitude. C'était un penchant que je n'ai jamais avoué à Aisling, ne voulant pas qu'elle s'inquiète pour moi, elle avait tellement de choses auxquels penser.

J'ai remarqué que j'avais mis de la distance entre nous, tout était de ma faute alors je lui ai dit que je voulais une famille. Je pensais qu'on allait redevenir celles qu'on était avant. Pendant la grossesse, oui. On était vraiment amoureuse. Je me demande si j'avais vu ma femme aussi heureuse dans sa vie auparavant. Je voulais porter l'enfant, je voulais que ce soit moi qui fasse l'effort. Je me rappelle encore de ses yeux lorsque je lui ai appris la grande nouvelle, elle avait un grand sourire, mais elle avait peur, je le voyais à son regard. L'accouchement a été horrible, je pense que je m'en rappellerais pour le reste de ma vie, mais je me rappellerais aussi des mots qu'Ais a eu pour moi ce jour-là, des mots réconfortants. On a vécu heureuse jusqu'à ce que Charlie ne fasse plus ses nuits, que nous soyons énervé par la fatigue. Moi, j'allais toujours me réfugier dans l'alcool, ces temps-là encore plus. Je rentrais tard, je buvais en cachette et j'allais me coucher, lui laissant tout le travail de mère.

C'est à ce moment-là que j'ai merdé, en y repensant ça devient une évidence. Je n'aurais jamais dû me réfugier dans le travail et l'alcool. J'aurais dû croire aux pouvoirs de l'amour, croire à ses mots quand elle me disait qu'on allait s'en sortir, que beaucoup de couples sont passés par là. Je ne l'ai pas cru et je l'ai mise de côté. Ma plus grosse erreur. Non. Enfin, je ne sais pas. Peut-être que ma plus grosse erreur a été de ne pas la retenir quand elle m'a dit qu'elle partait. Elle n'a pas mis longtemps pour prendre ses affaires et partir, je pensais qu'elle mettrait plus de temps, le temps que je trouve les bons mots. Je ne les ai jamais trouvé et je l'ai laissé partir, elle et mon fils. J'aurais pu lui crier dessus en lui disant que mon fils devait rester avec moi, mais j'étais consciente qu'elle était une meilleure mère que moi. Qu'aurait-il fait avec une mère alcoolique ?

La solitude de la maison n'a rien arrangé. Je travaille toujours autant, je bois toujours autant, pour ne pas dire plus. Rien qu'en regardant autour de moi, je peux voir pleins d'alcool, plein de mauvaises tentations. Cela fait plusieurs mois qu'elle est partie et mon état se dégrade. C'est elle qui me gardait sur pied et j'ai tellement besoin d'elle. Je ne peux pas vivre sans elle, il faut que je me fasse une raison. J'ai essayé de changer, rien que physiquement, je me suis coupée les cheveux, comme pour me montrer que sans elle, j'ai le droit à un nouveau départ, ça n'a pas marchait. Rester ici, dans notre ancienne maison n'arrangera rien tant qu'elle n'est pas avec moi. J'ai plié bagage et je viens de m'installer dans un petit appartement à Pasadena. Mon supérieur m'a autorisé à aller y travailler. Comme il n'y a pas d'équipe du FBI dans cette ville, vu qu'elle est si proche de Los Angeles, il m'a mis sous couverture et m'a ordonné de revenir lorsque j'aurais bouclé l'affaire. J'ai acquiescé alors que je reviendrais que lorsque j'aurais récupéré ma femme.