Les transports en commun, avec tes pieds, tes jambes, ce sont tes moyens de transport. Tu te cales dans un siège, des écouteurs dans les oreilles. Parfois tu écoutes de la musique, mais la plupart du temps, il n’y a rien. C’est une manière de pousser hors de ton espace personnel le monde qui s’agite. Les bruits sont amortis, cela crée une bulle, ta bulle. Le métro. Tu es presque arrivée, l’arrêt n’est plus très loin. Il te faut pas longtemps pour comprendre que ce tremblement, c’est du pas bon. Tu le lis aussi dans le regard de l’homme assis de l’autre côté de l’allée. Tu le vois dans les doigts de cette femme sur le dossier du siège devant et qui s’est retournée comme si t’y pouvais quelque chose. Tu baisses les yeux alors que tu enlèves tes écouteurs. Tu entends déjà les cris. Les wagons, les uns après les autres, déraillent. C’est votre tour.

Tu sais pas comment les secours s’organisent, leur priorité. Faut-il déjà qu’ils atteignent les lieux. Peut-être que c’est parce que vous êtes là depuis longtemps, peut-être que c’est parce que la rame se trouve en plein milieu du carrefour et qu’elle est sur leur trajet, peut-être que c’est un coup de chance. L’homme, tu te poses pas de question. T’as cherché un poul le long du poignet qui dépasse de dessous le pliage de sièges et métal. T’en as pas trouvé. Alors t’as rampé comme t’as pu jusqu’à la femme qui crie, qui pleure, qui souffre. C’est pas que la place pour manoeuvrer y’en a beaucoup, mais t’as trouvé sa main et le bout de ferraille qui lui transperce le corps. Tu lui as dis de ne pas bouger, parce qu’à chaque fois qu’elle le fait, elle saigne. La tige doit presser une artère, c’est ce que tu supposes, qu’au final cette merde qui veut la tuer, la maintient en vie. Pour l’instant. T’as posé ta main sur ce piège et tu le tiens pour qu’il ne bouge pas. Tenir le plus longtemps possible, même si tes doigts s’engourdissent, même si toi-même, tu as mal partout.

Tu sais pas si c’est un coup de chance ou si le métro est une priorité. Ce que tu vois ce sont les étincelles d’une tronçonneuse qui découpe la carcasse. Alors tu fais l’effort de crier un mot « ICI ! » dès que tu vois un rai de lumière. Tu expliques aux deux types qui essaient de vous sortir qu’il faut emmener ce morceau ferraille parce que la vie de cette femme ne tient qu’à ça. Toi tu lâcheras rien. Pourtant tu te retournes vers le bras de l’homme quand le secouriste dit que pour lui c’est fini. Tu lâches rien pour cette femme, c’est peut-être pour ça que ce toubib s’est imaginé que tu étais de la partie, qu’ils t’ont embarqué dans l’ambulance. Mais toi d’habitude c’est sur les morts que tu veilles. Aujourd’hui, c’est différent, c’est spécial, c’est le jour du tremblement de terre.



HRP : si une personne a envie d'être la femme que Riley maintient en vie dans la rame de métro, vous gênez pas, faites-vous souffrir.

Quand je retrouve Loan, je suis terriblement confuse, j’ai du mal à comprendre ce qu’il se passe. Je fais une semi-crise de panique, je me jette dans ses bras et baragouine un jargon incompréhensible. La blonde dépose ses mains autour de mon visage, et je capte son regard pour essayer de me calmer. « Robyn calme-toi, respire. » Je respire je respire mais merde, et si mon père était là ? Et cette gosse, elle va perdre sa jambe et elle va s’infecter et elle va finir en zombie et… Ok, je dois faire quelque chose. Je me sens héroïque d’un coup, et je compose le numéro des secours sur mon téléphone. Les autres filles aident à dégager la jambe de la petite, enfin pas si petite quand même, et je m’énerve de mon côté avec les secours qui répondent pas. Bah en fait, y’a pas de réseau. Merde, fais chier quand même ! Je me rapproche d’elle, et regarde sa cheville. Merde, c’est une fracture ouverte ça ? « C’est quoi ce truc blanc ? » J’ai juste le temps de dire. « Bah ton os, fais gaffe qu’un chien le mange pas. » Qu’elle pousse déjà un hurlement et je me sens faiblir sur place. Purée elle en a de la voix la gosse ! Une des brunes (Stella) la prend contre elle, et purée ça me donne mal au coeur. « Tu pourras appeler les secours, ou peut-être chercher quelqu'un de qualifier une fois que tu auras fini de... faire ce que tu as à faire! » What elles se connaissent avec Loan ? Je fronce les sourcils, mais j’ai pas le temps de dire quoi que ce soit que Loan attrape mon téléphone. « Ew arrête ! Ça sert à rien y’a pas de réseau et c’est saturé ! » Je lui réclame, mais elle ignore et continue. Elle abuse merde ! « On ferait mieux de l’amener directement à l’hôpital… » J’hausse les épaules, au pire, c’est pas son problème ? Y’a d’autres gens à sauver, cette gosse est entre de bonnes mains, peut-être bien que la brune c’est sa mère après tout ! « Ok, mais laisse les faire Loan, s’il te plait on peut pas rester avec elle, c’est qu’une cheville, ça ira ok ? » Je la regarde et dépose un baiser sur sa joue. Merde pourquoi elle nous regarde l’autre brune (Stella) ? Je fouille un peu dans mon sac à dos, et j’en sors un médoc. J’sais pas pourquoi j’ai ça. J’ai aussi une bouteille d’eau, c’est fou. Je m’accroupis à côté de la gosse. « Prend ça. Ma mère m’a dit de toujours en avoir sur moi, c’est un truc à base de morphine. Tu vas douiller ta race si t’en prend pas… allez fais moi confiance ! » Je lui souris un peu pour la rassurer. Elle est mignonne quand même cette gamine, mais c’est bizarre. Je me tourne vers Loan. « Va y avance je lui donne ça et je te rejoins ! » Je souris. Loin de me douter qu’en fait, elle a peut-être pas trop envie de partir…

@Loan Kelley @Casey Kelley-Moore @Stella Moore

Cette sensation de douleur sourde au creux de sa poitrine et que le sol n'était plus lisse en dessous d'elle. Une toux violente la prit quand elle chercha à reprendre son souffle, un nuage de poussière lui donnait envie de vomir. Ses mains cherchèrent à agripper quelque chose dans le but de se redresser, mais elle semblait être seule dans une salle capitonnée où elle ne pouvait s'en sortir. Elle chercha à crier mais sa voix était déjà brisée, incapable de l'aider dans sa détresse. Ses bras se décidèrent enfin à s'appuyer sur leurs coudes pour l'aider à avoir un meilleur aperçu de l'endroit où elle se trouvait. La parade des roses... Elle était sur un trottoir à quelques mètres d'une boutique effondrée, merde. Sa jambe droite se plia, prête à la faire se lever, mais à peine la seconde fut-elle bougée que la douleur lui tabassa le crâne. Un cri sourd la saisit et son regard lamoyant se posa sur son pied tordu dans le mauvais sens. Merde, merde, merde.

Des pas la firent sortir de sa torpeur douloureuse et elle chercha d'où provenaient les bruits, mais son regard brouillé de larmes l'empêchait de le faire correctement. Elle abandonna donc l'idée de savoir et se laissa tomber sur le sol froid et craquelé. Les cris et les sirènes beuglaient tout autour d'elle amplifiant son mal de crâne qui était déjà dans un sale état. Un nouveau grognement de douleur la fit se plier en deux, son autre pied frôla celui blessé et un cri s'échappa de sa gorge cassée. Elle pensa à Benjamin qui ne lui avait pas dit s'il venait ou non, à Casey -oui même malgré ce qu'il s'était passé- à Cora et même à Jules, elle s'était particulièrement attachée à la jeune femme.

Une voix la fit sursauter et elle tourna la tête vers une parfaite inconnue qui trouvait bon de lui hurler dessus. Si elle avait été en forme, elle lui aurait clairement aboyé dessus. Non mais sérieusement, elle souffrait le martyr et on lui demandait de se la fermer? Sérieusement?! Mais Lou prit sur elle et se redressa comme elle put pour s'appuyer sur la nouvelle arrivante. Elle avait besoin d'aide, elle ne pouvait pas le nier. "Merci.." Elle plia le genou pour ne pas poser son pied à terre. "Le chemin va être long" tenta-t-elle de plaisanter. Bondir sur un pied était déjà chiant pour trois minutes alors une vingtaine, elle allait clairement s'évanouir.

séisme; magnitude 7.2.

Dire qu'elle fut déstabilisé par la réaction de sa meilleure amie aurait été un euphémisme, bon elle non plus n'avait pas vraiment eu une attitude habituelle. Normalement prédatrice en toutes circonstances, elle s'était transformée en mère poule en une fraction de seconde ce qui était loin d'être commun chez elle.

«Et ça c'est quoi?! Tu vas pas me dire que tu n'as pas senti que tu étais blessée!! Ça sert à quoi de chercher à me porter secours, si au bout du compte tu t’évanouis seule en quelque part?!!!» Elle plissa le nez en étouffant un nouveau juron, non pas que son cou la faisait souffrir, bien au contraire, elle ne s'en était même pas rendu compte jusqu'à ce qu'elle ne le lui fasse remarquer. Mais constater à quel point elle s'est comporté de façon dangereusement stupide est difficile à encaisser. Toutes les personnes qu'elle avait insulté de tous les noms en hurlant pour qu'ils se poussent avaient au moins l'excuse de l'instinct de survie pour justifier leur manque de réflexion, elle non, alors même qu'elle faisait probablement partie des personnes les plus habituées au danger. Elle se maudit et se serait mit des claques si elle ne s'était pas trouvée faces aux deux femmes et à une enfant. «Et puis qu'est ce que tu fous ici?! Tu ne voulais pas venir et ce malgré le fait que je t'ai supplié plusieurs fois; Et là tu apparais comme par magie... au milieu de ce chaos?! Ça m'étonne même pas tu vois!!!» Et voilà que la blonde remuait le couteau dans la plaie, en rajoutait une couche et lui donnait des envies de meurtre. «Non mais c'est bon le prend pas sur ce ton hein ! Je vais bien c'est pas une égratignure qui va me tuer, n'en rajoute pas. Mais promis la prochaine fois qu'on me demande de te faire une surprise je m'abstiendrai si ça te mets dans un état pareil !» Son ton était devenu beaucoup plus dur, et à l'instant elle pouvait incontestablement être promue au titre honorifique de reine de la mauvaise foi tant elle en faisait des caisses et il est vrai qu'un tremblement de terre est le moment parfait pour une scène de ménage comme elles seules ont le secret. «En fait, ça ne m'étonne pas de vous trouvez toutes les deux ici!! Deux aimants à problèmes.... c'est pas de votre faute, ça doit être génétique!» Elle était à deux doigts de lui lancer une nouvelle réplique bien sentie mais elle lui coupa l'herbe sous le pied en leur tournant le dos et elle préféra s'abstenir se rappelant qu'autour d'elles se déroulait tout de même le scénario d'un film catastrophe.

«On y va!» Son ton ne laissait pas de place à la répartie et elle préféra se plier à l'ordre, lui emboitant le pas «Oublie pas la gosse que t'as héroïquement sauvée, ce serait un comble de la perdre maintenant...» fut tout ce qu'elle lui dit avant de tourner la tête vers Cora et lui sourire d'une façon qui se voulait décontractée «Enchantée Aimant à problème numéro deux, je suis le numéro un, c'est un plaisir de vous rencontrer... Enfin je crois qu'on a déjà du se croiser, votre tête me dit quelque chose. Elle passa une main dans son cou, qui maintenant qu'elle y prêtait attention s'avérait en effet être relativement poisseux  Je m'appelle Dana et je suis sûre qu'on va bien s'entendre à en juger à la façon dont vous parle Alicia!» Ne pouvant s'empêcher de rire à sa propre bêtise elle dut passer pour une désaxée à la façon dont elle se comportait durant un événement aussi mortel.

séisme; magnitude 7.2.

En plus de lui avoir choisi des baskets pour ses pieds, une fois que Cora les avait mis, Alicia en rajoutait une couche « Ah ben voila! Surtout ne me remercie pas d'avoir risqué ma vie, pour sauver tes "petits" petons! » Cora voyait rouge et allait répliquer en italien encore une fois lorsqu'une femme vint tout de suite se jeter sur Alicia. L'agent artistique reconnut aussitôt Dana, la photographe de l'agence. Cependant, elle ne pensait pas qu'elles étaient si proches. Enfin elle ne lui avait pas trop parlé, juste de vue comme ça mais bon elle n'avait jamais vu Alicia proche de quelqu'un en vérité du coup ça lui faisait bizarre. Cependant, Alicia n'avait pas l'air aussi ravie que ça de la voir. Elle retrouvait un peu sa patronne là, énervante à souhait à faire la dure quand la blonde parlait à Dana. Cependant, l'attention de Cora se porta plutôt tout autours d'elle. Le séisme avait cessé mais c'était le chaos tout de même. Le regard de Cora s'assombrit légèrement en voyant l'horreur tout autours d'elle. Des bâtiments détruits, la rue ravagé, des victimes un peu partout, des gens qui pleuraient. C'était vraiment... « En fait, ça ne m'étonne pas de vous trouvez toutes les deux ici!! Deux aimants à problèmes.... c'est pas de votre faute, ça doit être génétique! » Quoi ? Cora tourna son regard sur Alicia. Qu'est-ce qu'elle disait là ?! Cora allait répliquer quand Alicia tourna le dos « On y va! » Non mais pour qui elle se prenait en fait ?! Dans les yeux de Cora, le rouge monta de nouveau. Alicia avait le don de l'énerver au plus haut point comme elle l'attirait irrésistiblement. C'était fou. Bon là, c'était le premier point qui primait ! Dana lui répondit en lui disant de ne pas oublier la gosse. Mais c'était tout ce qu'elle lui disait ? « Enchantée Aimant à problème numéro deux, je suis le numéro un, c'est un plaisir de vous rencontrer... Enfin je crois qu'on a déjà du se croiser, votre tête me dit quelque chose. Je m'appelle Dana et je suis sûre qu'on va bien s'entendre à en juger à la façon dont vous parle Alicia! » Cora la regarda « Enchantée aussi, moi c'est Cora et effectivement on s'est déjà vue dans la galerie, je travail en tant qu'agent artistique pour la ROMPAPAL* ici présente qui se croit tout permis de nous parler comme des chiens même en dehors du temps de travail dis donc ! C'est sûr que l'on va bien s'entendre toutes les deux ! » Cora avait tout de même hausser un peu le ton. Alicia avait l'habitude de la voir dans cet état parfois avec elle. Cora n'avait jamais caché son tempérament auprès de sa patronne et lorsqu'elle voulait dire les choses, elle le disait et là et bien elle n'acceptait pas qu'Alicia puisse parler comme ça. Et d'ailleurs elle avait fait exprès de dire que c'était une casse-couille parce que là, la blonde l'était ! Sa colère cessa immédiatement lorsqu'en marchant - en suivant Alicia quand même - elle vit par terre des corps inertes surplombés par des briques qui étaient tombées des bâtisses pendant le séisme. Cora s'arrêta et ses yeux commençaient à briller. C'était la première fois qu'elle voyait ça... Et là c'était un choque en fait. « M... mon dieu...» sa respiration commençait à s'accélérer et l'adrénaline qu'elle avait ressenti auparavant était en train de partir, la faisant revenir à la réalité. Il y avait bien eu un séisme. Il y avait bien eu des victimes. Elle resta figée face aux décombres, ses mains cachaient sa bouche et ses yeux s'embrumaient de plus en plus.

*casse-couille

@alicia l. brooke & @dana spencer